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[art saves life]*

Peter Doig, Nulle terre étrangère

3 Avril 2014, 16:29pm

Publié par Julie Sem

Peter Doig, Nulle terre étrangère

« Nulle terre étrangère » titre l’exposition de Peter Doig au musée des Beaux-Arts de Montréal, à découvrir jusqu’au 4 mai 2014.

 

« Il n’y a pas de terres étrangères. Seul le voyageur est étranger » 

Robert Louis Stevenson (1850-1894), écrivain écossais

 

Les paysages de Peter Doig sont empreints de références multiples, notamment à l’histoire de l’art, à Henri Matisse, Paul Gauguin et Tom Thomson ou encore aux films d’horreurs, à la musique et à ses archives personnelles de voyage, ses photographies et autres dépliants touristiques et cartes postales.

L’ensemble de ses toiles se caractérise par un grand format qui met en exergue des espaces naturels immenses dans lesquels errent une ou plusieurs silhouettes humaines.

Cet attrait pour le paysage est à mettre en relation avec son enfance à Trinidad et au Canada, d'où il puise son inspiration comme pour mieux exprimer une échappatoire intérieure. En quête de son passé, l’artiste ne traite pas pour autant de nostalgie, de même l’exotisme qui émane de ses paysages et qui rappelle les œuvres de Matisse et Gauguin ne renvoie pas à une image du paradis sur terre : le réel est ici à apprécier dans toute son étrangeté.

Ses lieux sont sauvages, abandonnés, marqués par des présences humaines toutes aussi mystérieuses. Le canoë* est un motif récurrent dans son œuvre, souvent un homme se trouve à l’intérieur et fixe le spectateur mais son visage n’est pas distinct, l’eau est immobile et une impression de sérénité, un calme nettement décelable, s’empare de l’espace d’exposition.

 

*« Peter Doig’s canoes have become a seminal image in his work; their reflection in the water, like a double life, is a fantasy mirror to the unknown. Canoe-Lake is rendered with unsettling perfection: capturing not just a spying view over a fence, but the strange echoing silence of drifting on a lake, the impossible stillness of the current, and the cloying warmth of late-summer air. » extract from www.saatchigallery.com

 

Simultanément, ce calme est quelque peu bousculé par un jeu de textures et de couleurs sensuelles, des tons purs et mélangés qui diffusent une atmosphère toujours particulière ; la nuit, l’aube, la brume ou les reflets des branches sur l’eau accentuent encore le mystère de la scène.

Dans un article de l’édition canadienne du Huffington Post, la critique Veronica Redgrave associe les personnages de l’œuvre de Doig à des guides du subconscient, en écho aux théories du mythologue Joseph Campbell. En effet, alors qu’ils nous plongent dans l’inconnu, les personnages parraissent aussi nous montrer le chemin.

Paysages de l’esprit, ces lieux se trouvent au carrefour de la réalité et de nos impressions face à la nature, une nature si luxuriante et étonnante qu’elle laisse l’homme dans un trouble le plus total, lorsqu'il considère sa petitesse dans l’immensité.

Peter Doig, Nulle terre étrangère
Peter Doig, Nulle terre étrangère
Peter Doig, Nulle terre étrangère
Peter Doig, Nulle terre étrangère
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