Ivan Navarro, Both side of the light

13 Mai 2013, 18:11pm

Publié par Julie Sem

Le travail emblématique d’Ivan Navarro consiste en des sculptures lumineuses, qu’il réalise depuis 2004, il utilise des néons et des miroirs créant des effets infinis qui plongent notre regard dans le vide. Loin des préoccupations des designers et des artistes du Minimal art, comme Dan Flavin, Ivan Navarro crée des pièces aussi esthétiquement attractives que dangereuses.

Il explique l’ambivalence de son travail par un écho à son enfance au Chili, sous le régime de Pinochet, de la peur de disparaître, comme l’ont été beaucoup de dissidents politiques. Face à l’aspect dangereux que peuvent prendre certaines œuvres, IN utilise la lumière, comme pour évoquer l’espoir malgré tant de violence.

Une de ses premières œuvres « you sit, you die » (tu t’assoies, tu meurs) correspond à la chaise électrique, la méthode de torture la plus utilisée sous Pinochet, quant à l’assise, elle est gravée de noms d’exécutés par ce même système, en Floride et les éléments sont tenus par des lacets de chaussures, ces même lacets dont sont privés les détenus de prison, par peur qu’ils se pendent.

En 2006, the White Electric Chair est une reproduction de la chaise rouge et bleu de Gerit Rietfeld de 1918, Ivan Navarro crée une version blanche, rouge et bleu et rose, cependant le matériaux utilisé, le tube néon, ne permet à quiqonque de s’asseoir sous peine d’être électrocuté.

Souvent ses sculptures sont présentées avec une vidéo, c’est le cas pour « Homeless Lamp, the juice sucker » qui représente deux hommes, se baladant dans les rues de NYC avec un caddie de supermarché lumineux mais vide.

"it has nothing to do with shopping and consumerism. Instead, the shopping cart related to homeless people in New York who need it to transport their stuff. The basic idea was to create a sculpture that you could move, push in front of you, and park anywhere because it didn't belong anywhere, didn't have to be shown in any special place. So I participated and pushed it through the streets."

Touchant la problématique de la pauvreté, le caddie nous éclaire aussi sur un champ de l’art non encore reconnu par le public et qui doit survivre en dehors des circuits institutionnels et muséaux.

Dans Death Row, 13 cadres, tunnels infinis, aux couleurs d’un arc-en-ciel peuvent faire penser aux portes de prison, comme à un ailleurs, une porte vers un autre monde, une echapatoire.

Les oeuvres Joy Division I et II, représentent la croix gamée et l’étoile de David, et sont en lien direct avec l’arrivée au Chili des populations juives et des évadés nazi, durant le 3ème Reich. D’ailleurs le titre, issu du groupe de musique anglais est une référence aux scènes de viols dans les camps de concentration. La lumière du néon nous éclaire sur les faits en même temps qu’elle rappelle métaphoriquement la standardisation et l’aliénation du nouvel ordre qui se met en place à l’époque.

Son art s’influence des procédés de l’art minimal, caractérisé par des lignes épurées mais l’objet fini, bien que neutre, à son flot d’histoires, même si celles-ci demeurent sous entendues.

“I make spaces in a fictional way to deal with my own psychological anxiety” Ivan Navarro

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